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17 janvier 2014

"Six Degrees of Black Sabbath", le moteur de recherche qui décloisonne la musique


Six Degrees of Black Sabbath est la nouvelle version d'un programme conçu en 2010 par Paul Lamere  à l’occasion du Music Hack Day à San Francisco. Le nom de l’application fait référence :
  • à la théorie des six degrés de séparation (wikipédia) : toute personne sur la planète peut être reliée à n'importe quelle autre, au travers d'une chaîne de connaissances comprenant au plus cinq autres maillons
  • et au roman érotique de grande distribution : Fifty Shades of Grey


Six Degrees of Black Sabbath fonctionne sur le même principe que L’oracle of Bacon, un moteur de recherche permettant de trouver les liens reliant n'importe quelle personnalité à l’acteur américain Kevin Bacon. Sauf qu'ici, il est question de musique et le programme permet de découvrir les relations intermédiaires entre deux artistes, qu’en principe tout semble séparer.
Paul Lamere cite comme exemple de recherche, les relations entre The Beatles et Norah Jones :
  1. The Beatles 
  2. dont était membre George Harrison
  3. qui a joué avec Ravi Shankar (sur la chanson Bangla Dhun et sur 26 autres chansons)
  4. qui avait un lien de parenté avec Norah Jones (Ravi Shankar était son père) 

Il est possible de couper une connexion, et dans ce cas le programme recalcule un autre chemin pour assurer la liaison. En gardant l'exemple de The Beatles à Norah Jones, si on supprime la relation via Ravi Shankar, le programme propose le chemin suivant :
  1. The Beatles
  2. dont était membre Paul McCartney
  3. membre du duo The Fireman, avec le bassiste Youth (Martin Glover) 
  4. membre du groupe de rock industriel Pigface
  5. dont a fait partie Mike Dillon
  6. également membre de Garage A Trois
  7. dans lequel a joué Charlie Hunter, guitariste de jazz
  8. qui a joué avec Norah Jones
La version 2 de Six Degrees of Black Sabbath propose quelques nouvelles fonctionnalités :
  • A chaque étape, le lien est souvent accompagné par une vidéo Youtube présentant la collaboration des 2 artistes. (grâce l'utilisation d'une API de Youtube)  
  • La base de données s'est étoffée et réunit à présent les informations concernant plus de 250 000 artistes, pour 2,5 millions de relations d'artiste à artiste.
  • L'autocomplétion dans la saisie des noms d’artistes. 
  • Un design et une vitesse de recherche améliorés
Afin de tester l'application, nous nous sommes amusés, peut-être sous la funeste influence de Black Sabbath, à rechercher les chemins musicaux reliant :
  • Pierre Boulez à Patrick Sébastien
  • Metallica à Chantal Goya 
  • Charlie Parker à Mireille Mathieu 
  • Claude Debussy à David Guetta
Et stupeur : CES CHEMINS EXISTENT !

Maintenant à vous de jouer, et n'hésitez pas à consigner les feuilles de route de vos pérégrinations improbables en commentaire !  :-)


source : Music Machinery (06/01/2014)

17 juillet 2013

Provoquer l'envie de découvrir : la découverte musicale #2

"Le cœur de notre métier ce n’est pas d’avoir 20 millions de titres, c’est de vous les recommander" déclarait récemment en interview Will Page (Spotify), (Ecrans, 28/06/2013) Plus que jamais, l'industrie de la musique numérique se positionne dans une économie de l'attention : en suscitant l'envie de découvrir, elle créée du désir, et génère de la consommation. Mais là, si les enjeux financiers sont considérables, les problèmes rencontrés ne sont pas moins importants.
Car il faut faire avec une certaine forme de conservatisme chez l'auditeur qui se caractérise par un manque de curiosité, par une résistance à sortir de sa zone de confort, confirmant la formule de Jean Cocteau selon laquelle "le public aime mieux reconnaître que connaître".



Pour continuer cette série de billets consacrés à la découverte musicale, voici la traduction de l'article The Biggest Problem With Music Discovery Services [Le plus gros problème avec les services de découverte musicale], par Kyle Bylin fondateur et éditeur de Site sidewinder.fm, publié sur le site hypebot.com.

Kyle Bylin a questionné plusieurs acteurs de la musique numérique concernés par le sujet, en leur demandant quel était le plus gros problème posé aujourd'hui par la découverte musicale :

"Si vous voulez une réponse courte : la majorité des auditeurs ne s’en soucient pas. Ils n’ont aucune envie qu’on leur recommande des artistes en devenir ou des chansons émergentes. Le plus gros problème, et bien c’est qu’il n’y a pas de problème ! Parce que la découverte musicale concerne un public de niche.
Pour avoir une perspective plus large sur la découverte musicale, et les plus grandes problématiques auxquelles se trouvent confrontées ces services, Sidewinder.fm a demandé à plusieurs dirigeants influents dans le domaine de la musique et de la technologie de partager leurs visions du sujet.


Perfectionner les algorithmes de découverte musicale représente un défi énorme
Liv Buli est journaliste de données pour la société d'analyses statistiques musicales Next Big Sound
"Et bien, si quelqu'un avait trouvé la clé pour créer le service de découverte musicale parfait, cette discussion serait très différente. Il y a des problématiques sur plusieurs fronts.

À ce stade, perfectionner les algorithmes de découverte musicale est un énorme défi. D'une part, les gens ont des goûts souvent éclectiques et peuvent être difficiles à cerner. Il peut aussi être difficile d'expliquer exactement ce qui attire un auditeur vers une chanson en particulier. Est-ce le genre? Les paroles? La tonalité ? Le rythme ? La ligne de basse (drop) ?

Ajoutez à cela l’idée de “valeur intrinsèque” (la musique pour elle-même), et ça peut compliquer beaucoup les choses. Je peux écouter de temps en temps Mary Chapin Carpenter parce que ça me rappelle mes vacances d'été en voiture avec ma mère, sans être particulièrement fan de country music. Les algorithmes peuvent tenir compte d’instances uniques, mais ces occurrences agrégées sont susceptibles de parasiter n'importe quel algorithme qui tient compte de l'historique d'écoute.

De plus, j'ai lu récemment une excellente citation de Marc Ruxin, le co-fondateur de TastemakerX, qui a remarqué qu’en matière de découverte musicale : les algorithmes manquent d’impératif personnel, c’est quelque chose qui je crois sera difficile à surmonter pour ces types de services. C’est plus difficile de faire en sorte qu'un auditeur se sente concerné par quelque chose de nouveau sans que quelqu'un de confiance lui dise : "Ecoute ça c'est génial, moi j’écoute cette chanson tout le temps." Cela signifie qu’en se fondant uniquement sur une découverte musicale automatisée, basée sur un algorithme, il paraît difficile de convertir un auditeur passif en un auditeur actif qui fasse l'effort de s'engager et de prêter intérêt à de nouvelles musiques.

A ce stade, il semble que la découverte musicale doive s’orienter vers une approche sociale. The Hype Machine est le bon exemple du service de découverte musicale qui permet de dénicher les titres, les albums et les artistes les plus commentés en ligne. Spotify également, le géant du streaming, a sorti une série de fonctionnalités qui tentent de résoudre le problème en intégrant plusieurs approches. En permettant aux utilisateurs de suivre les playlists de ses amis, des artistes, et de personnalités influentes, en faisant la promotion des nouveaux albums des artistes préférés, ainsi qu’en faisant des recommandations basées sur l'historique des écoutes de l’auditeur, Spotify se positionne à l'avant-garde de la découverte musicale."

Ce qui crée la tension autour de la découverte musicale
Jed Carlson est le président et co-fondateur de la société de services aux artistes ReverbNation :
"Une vision utopique de la découverte musicale visait à se prémunir contre la prophétie autoréalisatrice que certains appellent «l'avantage cumulatif» : l’argent allant à l’argent, les riches devenant toujours plus riches.

Contre cela, on rêve plutôt de l'avènement d'une méritocratie où les meilleures chansons et les artistes les plus talentueux arriveraient rapidement au sommet de la notoriété et du succès. Mais il se trouve que les tendances de la nature humaine soufflent un vent contraire à cette belle vision utopique.

La psychologie de la répétition nous dit que nous nous souvenons et que nous accordons de la valeur aux choses que nous voyons / entendons entre 7 et 10 fois, et cela presque indépendamment de la "qualité" relative du contenu (mais pas entièrement). C'est pourquoi la radio hertzienne a été historiquement un média aussi crucial, pour ceux qui cherchaient à vendre des disques et à sortir de l’anonymat : parce que la répétition a le pouvoir d’entraîner littéralement des masses de gens à l'adhésion.

La meilleure étude que j'ai jamais vu sur la façon dont la musique devient populaire est décrite ici [Is Justin Timberlake a Product of Cumulative Advantage?, New York Times, 15/04/2007]. Au-delà du phénomène de la répétition, l’article se penche sur la façon dont nous nous tournons vers les autres pour nous aider à former nos opinions sur les choses.

Ce que l’article démontre est que la perception que quelque chose a de la valeur (perception largement forgée à partir de l’opinion des autres) a plus d’importance qu’une opinion personnelle que nous aurions pu former sans subir d’influence extérieure. Tout cela créé une tension autour de la découverte musicale : idéalement nous ne voulons pas qu’on nous dicte que qu’il faut aimer, et en même temps les humains sont avides de repères sociaux afin de créer du contexte et donner du sens aux chansons. En conséquence, ce qu'une personne appellera un "moteur de découverte sociale", une autre personne pourra l’appeler le nouveau garde-barrières de la musique. C'est là que le bât blesse.

Le manque de suivi dans la découverte musicale
Cortney Harding est responsable des partenariats pour l'application de découverte musicale Soundrop :
Le problème ? Je dirais tout de suite le manque de suivi, de guidage. J’écoute des tonnes et des tonnes de musique, toute la journée, et depuis des années et des années. Mais je peux compter sur une main le nombre de nouveaux albums, que j'ai écouté plus de cinq fois au cours de la dernière année.

Une des causes à cela est le fait que bien que que je travaille encore dans l'industrie de la musique (ou en tout cas en périphérie), ce n'est plus mon boulot d’écouter des albums et d’écrire à leur sujet. Mais je constate que je préfère désormais la formule de la playlist au format de l'album pour ce qui est d'écouter de la musique au quotidien. J’écoute de la musique principalement quand je fais mon jogging, et je trouve qu'il est difficile d'écouter un artiste sur plusieurs kilomètres. Je préfère un programme plus varié. A la maison, je mets généralement de la musique en fond sonore - la playlist participative Chill-out de Soundrop, par exemple.

Je n'ai pas vu un service de découverte (mais à vrai dire, je ne les ai pas tous regardés) qui me permette facilement de franchir certaines étapes : j'entends une chanson, j'aime une chanson, est-ce que je peux facilement cliquer pour écouter le disque ? Je peux le faire sur Spotify, mais le processus est un peu laborieux [ça se discute, pas tant que ça]. Si j'aime le disque, puis-je savoir quand le groupe jouera à Brooklyn et puis-je acheter les billets pour aller les voir ? Puis-je facilement en un seul clic les suivre sur tous leurs médias sociaux pour me tenir au courant de leur actualité ?

Une fois ces problèmes réglés, je pense que les applications de découverte musicale seront bien mieux. Si la découverte peut conduire de façon fluide à la monétisation, je pense que les fans dépenseront plus et les artistes s’en porteront mieux."

La découverte musicale attire un public de niche
Jay Frank est le propriétaire et PDG de DigSin et l'auteur de "Futurehit.DNA" et "Hack Your Hit".
Le plus gros problème des services de découverte musicale est de savoir si les gens attendent réellement ce service. Des services comme Facebook ont ​​réussi parce qu'ils exercent une attraction massive sur une très large partie de la population. La découverte musicale, inversement, intéresse vraiment un créneau très ciblé de consommateurs.

En plus, cette petite portion d’utilisateurs sont ceux qui historiquement se montrent les plus réticents à payer tout de suite pour de la musique. Parce qu’ils se considèrent comme des faiseurs de goût, des influenceurs, et ils n’ont généralement pas le sentiment qu’ils devraient payer pour exercer cette activité de promotion au sein de leur réseau. Ils aiment se persuader qu'ils ont découvert quelque chose au cours de leur exploration, même si le fruit de leur exploration a été induit par un processus préalable de curation (sélection). Cette frange d'utilisateurs ne reconnaîtra donc pas l'utilité des sites de découverte musicale considérant qu'ils peuvent s'en passer . En résumé, si ce type de service ne parvient pas à s'adresser à un large public, ni à convaincre le petit noyau des utilisateurs effectifs de payer pour cela, ça devient un business difficilement rentable.

Pour améliorer cela, je voudrais qu'on abandonne la notion de découverte musicale et faire du divertissement le cœur de l’expérience à proposer, avec la découverte comme corollaire secondaire. Pandora fonctionne d’abord comme une radio, mais vous pouvez découvrir de la musique au cours de votre écoute. Les blogs populaires adoptent une même approche de divertissement, ils parlent à leur lectorat d’artistes que celui-ci connaît déjà, et entraîne celui-lui doucement vers quelque chose de nouveau. Plus un service se concentre sur l’objectif de divertir son public avec la musique, plus la musique qui fera découvrir aura de la valeur. Cette part de découverte peut être délibérément intégrée dans le process, mais l'utilisateur ne doit pas en être conscient."

11 juillet 2013

Humain versus Machine : la découverte musicale #1


Antonio Roberts - The People VS The Machine (CC BY-NC-SA 2.0) 

Pour débuter une série estivale de billets consacrés à la découverte musicale, voici la traduction de l'article The State of Online Music Discovery [L'état de la découverte musicale en ligne] (22/06/2012) publié par le journaliste John Paul Titlow sur le site ReadWrite.com, et qui présente une excellente synthèse des services en ligne permettant de découvrir de nouveaux artistes et de nouvelles musiques, et de leurs modes de fonctionnement entre algorithme et curation.
"Choisir de la musique pour quelqu’un d’autre est une opération bien plus difficile que de choisir un appareil électro-ménager ou même un film. Les raisons pour lesquelles nous aimons une chanson sont hautement subjectives et peuvent dépendre de paramètres spécifiques parfois subtils. Par conséquent, la recommandation musicale est un problème difficile dont la résolution permettrait de simplifier et d’améliorer la vie d’une très large audience. C’est par la même un challenge attractif pour toute entreprise commerciale cherchant à générer des profits.
Certaines entreprises ont essayé de solutionner la question par la programmation pour déterminer quelles chansons pourraient aimer un auditeur donné. D’autres ont recourt au jugement humain pour sélectionner des nouvelles musiques en fonction des préférences de l’auditeur. Dans cet article seront évalué des acteurs-clés de ce marché.

La recommandation automatisée : Last.fm, Pandora et The Echo Nest
L’approche consiste à utiliser la puissance des données et des algorithmes pour comprendre les relations entre les chansons et les auditeurs. Last.fm, Pandora et The Echo Nest sont les principaux acteurs dans ce domaine. 
Last.fm n’est sans doute plus aussi tendance que des services apparus plus récemment, comme Spotify, mais il reste cependant un des meilleurs outils de découverte musicale [Last.fm utilise la technologie de l'audioscrobbler : il s'agit d'un plugin à installer qui permet d'approvisionner le site en statistiques d'écoutes, qui retransmet à Last.fm la liste des morceaux que l'utilisateur a écouté avec son lecteur multimédia ou son baladeur numérique.]. Last.fm enregistre et analyse les habitudes d’écoute d’un utilisateur - des appareils numériques mobiles à l’ordinateur de bureau, y compris les pistes lues en streaming depuis le navigateur, et les comparent aux préférences des autres auditeurs. Le service appartenant à CBS fournit une API ouverte que les développeurs peuvent utiliser pour construire toutes sortes d’applications et de mashups. Last.fm reste pertinent en imbrication avec beaucoup d’autres services et produits. L’intégration de Last.fm par Spotify comme application dans son logiciel client en est le parfait exemple. 
Pandora, le concurrent de longue date de Last-FM est un acteur de premier importance, même face aux nouveaux entrants que sont Slacker Radio et Songza. [Pandora, Slaker Radio, Songza ne sont pas accessibles en FranceLe service de web radio de Pandora utilise un algorithme complexe, en partie renseigné par ses employés, qui relie les chansons les unes aux autres. Ce "projet de génome musical" (Music Genome Project) va plus loin qu’une simple correspondance entre artistes et se base sur les habitudes d’écoute. Il prend en compte des caractéristiques musicales spécifiques : le tempo, ou le fait que la chanson comporte un solo de piano électrique, etc. Cette finesse dans la granularité, cette approche en détail des chansons fait de Pandora l’un des moyens semi-automatiques les plus efficaces pour découvrir de la musique. Alors que Last.fm permet de connaître de nouveaux artistes similaires, Pandora excelle dans la suggestion de chansons inconnues.

Récemment, Spotify est allé chercher Pandora sur son terrain en lançant sa propre web radio gratuite. Contrairement au service de streaming de base de Spotify, cette nouvelle offre est disponible pour les utilisateurs non premium sur leurs appareils mobiles (smartphones, tablettes...) La radio Spotify est alimentée par The Echo Nest, qui alimente aussi des douzaines d’autres applications musicales comme iHeartRadio [non disponible en France]. Avec plus de 5 milliards de données, The Echo Nest analyse beaucoup plus de données que Pandora et s’appuie davantage sur l’automatisation, incluant l'exploitation des données (data mining), l’analyse acoustique, et l’apprentissage automatique (machine learning). Le résultat  dans les transitions entre les titres est moins soniquement réussi que Pandora, mais il rivalise avec Last.FM pour ce qui est de la découverte d’artistes.
Recommandation sociale: les amis en savent plus que les machines
Aussi efficace que puissent être les suggestions automatiques , elles concurrencent encore difficilement les recommandations de vraies personnes, celles que vous connaissez réellement. C'est pourquoi de nombreux services musicaux se sont branchés sur le graphe social de Facebook ou ont intégré Twitter. Cependant, ce secteur de la découverte musicale est encore en plein développement. Les intégrations réalisées l’an dernier de Facebook avec Spotify, Rdio et d’autres services, annoncées comme "fluides" (frictionless) créent beaucoup plus de bruit que de résultats pertinents. Les titres écoutés sur Spotify, et postés sur Facebook, permettent de savoir ce que nos amis ont écouté, mais pas ce qu’ils ont vraiment apprécié, et si on devrait s’en soucier. 
Dans un même temps, la tendance des groupes d’écoute avait explosé l’été dernier, permettant à des utilisateurs de se rassembler dans des salles virtuelles, et de jouer tour à tour le rôle de DJ. Dans cette catégorie, qui n'est sans doute par à la hauteur du battage médiatique généré, on trouve Turntable.fm [pas accessible en France], et Soundrop , une autre application d’écoute en groupe proposée aussi directement sur la plateforme d'applications de Spotify. 
Songbird utilise les données de likes de Facebook et les connexions avec les amis et les pages pour proposer des contenus à partir de sources comme YouTube et SoundCloud. La société vise à capitaliser sur ce qu'elle perçoit comme étant les lacunes de services comme Pandora, en s'appuyant davantage sur le graphe social. Songbird rend un service de qualité en proposant un choix pertinent d’artistes à partir d'un profil Facebook, mais n'est pas terrible pour présenter de nouveaux contenus. Un service prometteur mais qui doit encore s’améliorer. 
Ne pas être dépassé par les autres médias sociaux, Pinterest est aussi entré dans le jeu de découverte musicale. Bien que le site est davantage connu pour le partage de photos et d'autres images, il est également utilisé pour poster de la musique à partir de sources telles que YouTube et SoundCloud. Il ne compte pas encore parmi les principaux moteurs de la découverte musicale, mais considérant sa croissance rapide, on peut supposer que les artistes qui expérimentent Pinterest ne le regretteront pas. 
Les influenceurs (tastemakers) et la curation humaine 
Les approches automatisées alimentées par des médias sociaux ont leurs points forts, mais ils sont loin d'être parfait. Et tout seuls, les ordinateurs ne sont pas prêt de sitôt de trouver la martingale de la découverte musicale. Il s'avère que nous avons encore besoin de cerveaux humains pour écouter et interpréter ce qui deviendra des recommandations musicales. C'est pourquoi l'algorithme de Pandora fonctionne si bien et pourquoi Songza est également promis à un bel avenir. Les deux services, à des degrés divers, s’appuient sur l'intervention humaine pour enrichir les sélections, et établir des références croisées entre les chansons. Ce besoin d’humanité permet de comprendre pourquoi les blogs musicaux restent l'un des moyens les plus populaires pour les gens de découvrir de nouveaux albums. Les fondateurs de Shuffler.fm sont bien conscients de ça et ont construit leur “magazine audio" d’agrégation musicale pour propulser des titres à partir d'une large sélection de blogs influents. Le résultat est une énorme collection de chaînes orientées par genres musicaux, mettant en vedette des chansons nouvelles et populaires, et organisée par un groupe virtuel d’influenceurs du Web. [Shuffler.fm est intégré à l'App Studio de Deezer http://www.deezer.com/fr/app/shuffler ]   
Quand Spotify a lancé sa plateforme d’applications tierces l’an dernier, celle-ci incluait des services comme Last.fm et Moodagent. La plateforme s’est lancée également avec des partenaires éditoriaux comme Rolling Stone, Pitchfork, et We are hunted, soulignant le rôle important que joue encore la critique humaine [voir ci-dessous les liens vers les articles dans lesquels nous avons présenté les applications de Spotify]. Les algorithmes et les API peuvent faire des choses étonnantes. Mais en fin de compte - et c’est tout aussi valable pour l’art, les films, les livres et les autres médias - ce qui détermine quelle musique les gens vont aimer nécessite encore le travail d'êtres humains avec de vraies oreilles connectées à de vrais cerveaux. L'avenir de la découverte musicale s'appuiera sur l'homme et sur la machine.

A lire aussi sur le sujet de la découverte musicale : 

- Les applications Spotify :

13 mars 2013

Deux choses qui améliorent la recherche et la découverte musicale sur Youtube

Un peu d'ordre dans le chaos grâce aux métadonnées 
Youtube s'impose aujourd'hui en mastodonte, comme le premier site de streaming musical au niveau mondial, tant par l'ampleur de son catalogue que par son audience, très loin devant Spotify et Deezer.

Le streaming musical en 2012 (source : Digital Music News)

Cependant lorsque l'on souhaite écouter la musique d'un artiste sur Youtube, la recherche aboutit souvent à une liste de résultats sans ordre apparent et avec beaucoup de bruit.
Même en sachant que ce désordre n'est qu'apparent et que la liste a fait l'objet d'un classement par pertinence, il n’empêche que pour l'amateur de musique, Youtube est beaucoup moins bien rangé que Deezer ou Spotify.

Non, nous n'avons pas demandé la police !


La solution pour accéder aux contenus musicaux concernant un artiste est de sélectionner une vidéo de l'artiste en question, puis de cliquer sur le lien sous la mention Artist.




On accède ainsi à la fiche de l'artiste avec une URL permanente : ici pour The Police:  http://www.youtube.com/artist/the-police .
Sur cette page, on trouve :
  • une sélection des titres les plus populaires du groupe (Top Tracks), 
  • un classement des titres par albums (la discographie des artistes est souvent limitée à quatre albums),
  • et une liste de musiciens similaires (related artists). 
Le système est perfectible, mais comme Youtube prépare un service de streaming musical, il n'a sûrement pas abattu toutes ses cartes dans l'exploitation des métadonnées musicales.



Un outil de découverte graphique des vidéos Youtube
LivePlasma est une interface graphique de découverte musicale créée en 2004 par Frédéric Vavrille. Sa technologie est aussi utilisée pour le fonctionnement du site Musicovery. Nous l'avions déjà présenté ici en 2007, à l'époque où LivePlasma était seulement affilié à Amazon. Car
LivePlasma propose aujourd'hui des liens vers Youtube, ce qui en fait un outil très pratique d'exploration. Pour chaque artiste, l'application génère une playlist de vidéos de l'artiste, ou d'artistes similaires. On peut naviguer sur la carte à la découverte d'autres artistes proches. Pour David Bowie : l'interface propose de découvrir des vidéos d'Iggy Pop, de Lou Reed, de Roxy Music, de Tin Machine, ...
http://www.liveplasma.com/