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29 juin 2012

A les je tichý kolem kol : chanson de la semaine #98

A les je tichý kolem kol [La forêt est silencieuse alentour] est la 3ème mélodie du cycle des Cigánské melodie op. 55 [Chants tziganes] : sept poèmes en langue tchèque d'Adolf Heyduk (1835–1923), mis en musique par Antonín Dvořák (1841-1904).
Bernarda Fink, mezzo-soprano
Roger Vignoles, piano



A les je tichý kolem kol,
jen srdce mír ten ruší,
a černý kouř, jenž spěchá v dol,
mé slze v lících, mé slze suší.
Však nemusí jich usušit,
necht' v jiné tváře bije.
Kdo v smutku může zazpívat,
ten nezhynul, ten žije!
La forêt est silencieuse alentour,
seul mon cœur dérange cette paix
et la fumée noire qui s’épanche
sèche les larmes sur mes joues.
Mais ces larmes ne doivent pas sécher,
Elles doivent couler sur d’autres joues !
Car celui qui sait chanter sa douleur,
Ne périt pas, il vit !

Discographie :
Lieder = Mélodies pour voix seule et piano / Antonín Dvořák, comp. ; Bernarda Fin, MS ; Roger Vignoles, p.- Harmonia Mundi, 2004

18 mai 2012

Der Wanderer : chanson de la semaine #92

Der Wanderer (D.493) [Le voyageur, le vagabond] est le nom d'un lied composé par Franz Schubert en 1816. Le texte est emprunté au poète Georg Philipp Schmidt von Lübeck. Schubert écrivit un autre lied intitulé "Der Wanderer" qui porte le numéro D.649.

Der Wanderer est interprété par le grand baryton allemand Dietrich Fischer-Dieskau, mort ce 18 mai 2012, à qui nous souhaitions rendre ici un modeste hommage.


Ich komme vom Gebirge her,
Es dampft das Tal, es braust das Meer.
Ich wandle still, bin wenig froh,
Und immer fragt der Seufzer, wo?

Die Sonne dünkt mich hier so kalt,
Die Blüte welk, das Leben alt,
Und was sie reden, leerer Schall;
Ich bin ein Fremdling überall.

Wo bist du, mein geliebtes Land?
Gesucht, geahnt, und nie gekannt!
Das Land, das Land so hoffnungsgrün,
Das Land, wo meine Rosen blühn.

Wo meine Freunde wandelnd gehen,
Wo meine Toten auferstehen,
Das Land, das meine Sprache spricht,
O Land, wo bist du?...

Ich wandle still, bin wenig froh,
Und immer fragt der Seufzer, wo?
Im Geisterhauch tönt's mir zurück:
"Dort, wo du nicht bist, dort ist das Glück."
Je viens de la montagne
La vallée fume, la mer rugit.
Je marche en silence, sans joie,
Et toujours en soupirant, me demande : Où ?

Le soleil me semble si froid ici,
La fleur fanée, la vie révolue,
Et ce qu’ils disent sonnent vide;
Je suis un étranger partout.

Où es-tu mon pays bien-aimé ?
Je t’ai cherché, rêvé, mais ne t’ai jamais connu !
Le pays, le pays vert de l’espoir,
Le pays, où fleurissent les roses.

Là où mes amis vont se promener,
Là où mes morts ressuscitent,
Le pays où l'on parle ma langue,
Ô pays, où es-tu ?

Je marche en silence, sans joie,
Et toujours en soupirant, me demande : Où ?
Dans un murmure, un esprit me répond :
« Là où tu n’es pas, là est le bonheur. »

Sources et références dans Wikipédia :
Franz Schubert - Dietrich Fischer-Dieskau - Georg Philipp Schmidt von Lübeck

15 septembre 2010

Modeste Moussorgski "Trépak" : chanson de la semaine #37

« L’art n’est pas un but en soi, mais un moyen de communiquer avec des personnes. »
Modeste Moussorgski


Modeste Petrovitch Moussorgski
"Chants et danses de la mort. 3, Trepak"
texte d'Arseni Arkadievitch Golenichtchev-Koutouzov
par Aleksander Liver [Александр Ливер]


Лес да поляны, безлюдье кругом ;
Вьюга и плачет и стонет.
Чуется, будто во мраке ночном,
Злая, кого-то хоронит.

Глядь, так и есть! В темноте мужика
Смерть обнимает, ласкает ;
С пьяненьким пляшет вдвоём трепака.
На ухо песнь напевает :

"Ой, мужичок, старичок убогой,
Пьян напился, поплёлся дорогой ;
А мятель-то, ведьма, поднялась, взыграла,
С поля в лес дремучий невзначай загнала.

Горем, тоской, да нуждой томимый,
Ляг, прикорни, да усни, родимый!
Я тебя, голубчик мой, снежком согрею,
Вкруг тебя великую игру затею.

Взбей-ка постель, ты мятель-лебёдка!
Гей, начинай, запевай погодка!
Сказку, да такую, чтоб всю ночь тянулась,
Чтоб пьянчуге крепко под неё заснулось.

Ой, вы леса, небеса, да тучи,
Темь, ветерок, да снежок летучий,
Свейтесь пеленою, снежной, пуховою;
Ею, как младенца, старичка прикрою.

Спи, мой дружок, мужичок счастливый,
Лето пришло, расцвело! Над нивой
Cолнышко смеётся, да серпы гляют ;
Песенка несётся, голубки летают..."

Dans la forêt et les clairières, pas une âme qui vive.
La tempête de neige hurle et gémit.
Il semble que dans l'obscurité de la nuit
La neige cruelle enterre un pauvre bougre.

Voyez, c'est bien cela! Dans l'obscurité,
La mort embrasse un paysan ;
Elle danse le trépak* avec l'ivrogne,
Et lui souffle cette douce chanson à l'oreille :

« Hé, pauvre paysan, malheureux vieillard,
tu t'es saoulé et tu as perdu ta route,
Et la tempête de neige, la sorcière, s'est levée, s'est déchaînée,
Des clairières, elle t'a mené au cœur de la forêt,

Tourmenté par le chagrin, la misère et la tristesse
Allonge-toi, et fais un somme, mon ami !
Je te réchaufferai d'une couverture de neige,
et autour de toi j'organiserai un grand spectacle.

Secoue la couche, neige blanche comme le cygne!
Hé, fais nous entendre ta chanson, furieuse tempête!
Chante nous une histoire qui durera toute la nuit,
Afin que l'ivrogne sombre dans le sommeil!

Ô forêts, cieux et nuages,
Obscurité, vents et neige virevoltante!
Enveloppez-le dans un duvet de neige soyeuse ;
Afin que je couvre ce petit vieillard comme un enfant…

Dors, mon ami, heureux paysan,
L'été est venu et tout est fleuri !
Le soleil sourit et les faucilles dansent dans les champs,
Une chanson s'élève et les colombes s'envolent!… »




* Le trépak est une danse traditionnelle russe. Cf. article worldlinguo


Enregistrement disponible à la médiathèque :
Modeste Moussorgski : Songs and dances of death [Chants et danses de la mort] par Marjana Lipovšek (mezzosoprano) et Graham Johnson, piano. - Sony Classical, 1996

9 mai 2008

Franz Schubert : Quatuor à cordes en ré mineur "Der Tod und das Mädchen"

La Jeune Fille et la Mort

La jeune fille :
Va-t'en! Ah! va-t'en!
Disparais, odieux squelette!
Je suis encore jeune, va-t-en!
Et ne me touche pas.

La Mort:
Donne-moi la main, douce et belle créature!
Je suis ton amie, tu n'as rien à craindre.
Laisse-toi faire! N'aie pas peur
Viens sagement dormir dans mes bras

Matthias Claudius (traduction française)


Ecrite en 1824, par un compositeur de 27 ans, l'oeuvre fut exécutée pour la première fois en 1826, elle semble avoir été accueillie assez fraîchement , car Schubert ne parviendra pas à la faire publier de son vivant. La partition fera l’objet d’une édition posthume chez Czerny en 1832. Sans doute la Jeune fille et la Mort est le plus connu des quinze quatuors de Schubert, l'oeuvre emprunte son surnom à son deuxième mouvement dont le thème est repris d’un lied (D. 531) mettant en musique un poème de Mathias Claudius.
Le thème de la mort est renforcé par la tonalité funèbre de ré mineur.
Schubert a eu rarement recours à l’auto-citation, c'est le cas cependant avec quelques autres lieder dont les thèmes se prêtèrent à des variations instrumentales : la Truite pour le Quintette D. 667, Fleurs desséchées du cycle de la Belle Meunière pour des variations pour flûte et piano D. 802 , Le Voyageur avec la Wanderer-Fantasie D. 760
Dans la recherche des influences qui ont pu amener à la genèse de l’œuvre, les musicologues évoquent le thème de la statue du Commandeur dans l’opéra Don Giovanni de Mozart, ainsi que le thème du deuxième mouvement de la septième symphonie de Beethoven. Deux compositeurs, qui avec Haydn, ont exercés sur Schubert une influence déterminante. C’est particulièrement le cas avec ce quatuor qui dans la globalité de ses quatre mouvements possède une dimension « beethovénienne » clairement perceptible dans le premier mouvement.
Pour le deuxième mouvement Andante con moto (que l’on peut traduire par "aller à pas égaux avec une certaine animation"), « Schubert transposa le lied de ré mineur en sol mineur et réduisit le matériau musicale à un « thème » en deux parties, ensuite développé et modifié en cinq variations » (Klaus Häfner)
Ce deuxième mouvement se structure en cinq variations, en tonalité de sol mineur mise à part la 4ème variation en tonalité de sol majeur.

Franz Schubert, Quatuor à cordes en ré mineur, n° 14, D. 810 "La Jeune Fille et la Mort", deuxième mouvement Andante con moto (extrait) par Erin Lawson, Zacharu Sanders, violon ; David Zitney, alto ; Matthew Harman, violoncelle


Discographie disponible à la Médiathèque de Dole :
Quatuor à cordes en ré mineur D 810 "La jeune fille et la mort" ; Quatuor à cordes en ut majeur D 32 / Franz Schubert, comp. ; Artis Quartet. - Sony Classical, 1993

Trio pour cordes D 581 ; " Eine kleine Trauermusik " D 79 ; Quatuor pour cordes No. 14, D 180 "Das Mädchen und der Tod" [La jeune fille et la mort] / Franz Schubert ; Prazak Quartet ; Kocian Quartet ; Czech Nonet

Quatuor en ré mineur, D 810 "La jeune fille et la mort" ; Mouvement de Quatuor en ut mineur, D 703 / Franz Schubert, comp. ; Quatuor Amadeus. - Deutsche Grammophon, 1983

Quatuors à cordes : D 804, 89, 94, 74, 112, 353, 810 "La jeune fille et la Mort" [enr. sonore] / Franz Schubert, comp. ; Auryn Quartett. - (Complete string quartets ; 1). - CPO

Source : Guide de la musique de chambre / sous la dir. de François-René Tranchefort ; avec la collab. de Adélaïde de Place, Pierre-Emile Barbier, Harry Halbreich, ...[et al.]. - Fayard, 1998. - 995 p. ; 21 cm. - (Les indispensables de la musique)

Ill : La Jeune Fille et la Mort, eau-forte d' Edvard Munch (1894)

3 mai 2008

des Esseintes, héros du roman À rebours de J.-K. Huysmans, hanté par un lied de Schubert

"Les plaintes de la jeune fille"
Il s'était donc résolument écarté de l'art musical, et, depuis des années que durait son abstention, il ne se rappelait avec plaisir que certaines séances de musique de chambre où il avait entendu du Beethoven et surtout du Schumann et du Schubert qui avaient trituré ses nerfs à la façon des plus intimes et des plus tourmentés poèmes d'Edgar Poe.

Certaines parties pour violoncelle de Schumann l'avaient positivement laissé haletant et étranglé par l'étouffante boule de l'hystérie; mais c'étaient surtout des lieders de Schubert qui l'avaient soulevé, jeté hors de lui, puis prostré de même qu'après une déperdition de fluide nerveux, après une ribote mystique d'âme.
Cette musique lui entrait, en frissonnant, jusqu'aux os et refoulait un infini de souffrances oubliées, de vieux spleen, dans le coeur étonné de contenir tant de misères confuses et de douleurs vagues. Cette musique de désolation, criant du plus profond de l'être, le terrifiait en le charmant. Jamais, sans que de nerveuses larmes lui montassent aux yeux, il n'avait pu se répéter "les Plaintes de la jeune fille"[*], car il y avait dans ce lamento, quelque chose de plus que de navré, quelque chose d'arraché qui lui fouillait les entrailles, quelque chose comme une fin d'amour dans un paysage triste.
Et toujours lorsqu'elles lui revenaient aux lèvres, ces exquises et funèbres plaintes évoquaient pour lui un site de banlieue, un site avare, muet, où, sans bruit, au loin, des files de gens, harassés par la vie, se perdaient, courbés en deux, dans le crépuscule, alors qu'abreuvé d'amertumes, gorgé de dégoût, il se sentait, dans la nature éplorée, seul, tout seul, terrassé par une indicible mélancolie, par une opiniâtre détresse, dont la mystérieuse intensité excluait toute consolation, toute pitié, tout repos. Pareil à un glas de mort, ce chant désespéré le hantait, maintenant qu'il était couché, anéanti par la fièvre et agité par une anxiété d'autant plus inapaisable qu'il n'en discernait plus la cause. Il finissait par s'abandonner à la dérive, culbuté par le torrent d'angoisses que versait cette musique tout d'un coup endiguée, pour une minute, par le chant des psaumes qui s'élevait, sur un ton lent et bas, dans sa tête dont les tempes meurtries lui semblaient frappées par des battants de cloches.
Un matin, pourtant, ces bruits se calmèrent; il se posséda mieux et demanda au domestique de lui présenter une glace; elle lui glissa aussitôt des mains; il se reconnaissait à peine; la figure était couleur de terre, les lèvres boursouflées et sèches, la langue ridée, la peau rugueuse; ses cheveux et sa barbe que le domestique n'avait plus taillés depuis la maladie, ajoutaient encore à l'horreur de la face creuse des yeux agrandis et liquoreux qui brûlaient d'un éclat fébrile dans cette tête de squelette, hérissée de poils. Plus que sa faiblesse, que ses vomissements incoercibles qui rejetaient tout essai de nourriture, plus que ce marasme où il plongeait, ce changement de visage l'effraya. Il se crut perdu; puis, dans l'accablement qui l'écrasa, une énergie d'homme acculé le mit sur son séant, lui donna la force d'écrire une lettre à son médecin de Paris et de commander au domestique de partir à l'instant à sa recherche et de le ramener, coûte que coûte, le jour même.
Joris-Karl Huysmans, À rebours (1884), chapitre XV
(édition numérique ABU)


Franz Schubert a composé trois versions de ce lied à partir d'un poème de Schiller : La plainte de la jeune fille = Des Mädchens Klage : D. 6 (1811), D. 191 (1815) et D. 389 (1816).

Ces trois versions ont été éditées chez Naxos :
Franz Schubert, Schiller-Lieder, Vols. 3 and 4 (Maya Boog, soprano ; Ulrich Eisenlohr, piano) (Deutsche-Schubert-Lied-Edition, vol. 18)
On peut écouter ces oeuvres en ligne sur la discothèque Naxos, à laquelle la médiathèque de Dole est abonnée pour en proposer l'accès à ses usagers à distance. La discothéque Naxos et la procédure pour y accéder sont détaillées ici.

Site Naxos Music Library