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27 septembre 2017

Jacques Prévert : poètes en musique #14

Dans le cadre de la commémoration des 40 ans de la disparition de Jacques Prévert (1900-1977), voici une sélection de ses œuvres : recueils de poèmes, films et chansons.

25 décembre 2013

A Christmas Carol


A Christmas Carol, mélodie pour voix et piano, S. 228 (K. 6B27d - 1894), composée par Charles Ives (1874-1954), interprétée par Jan DeGaetani, mezzo-soprano et Gilbert Kalish, piano. Nonesuch, 2005)



Little star of Bethlehem!
Do we see Thee now?
Do we see Thee shining
O'er the tall trees?
Little Child of Bethlehem!
Do we hear thee in our hearts?
Hear the Angels singing:
Peace on earth, good will to men!
Noel!

O'er the cradle of a King,
Hear the Angels sing:
In Excelsis Gloria, Gloria!
From his Father's home on high,
Lo! for us He came to die;
Hear the Angels sing:
Venite adoremus Dominum.

17 décembre 2012

Pourquoi les roses sont-elles si pâles ? chanson de la semaine #108

Hommage à Galina Vichnevskaïa (1926 - 2012)



Отчего ? [Otchego ? Pourquoi?] est la cinquième mélodie du cycle Six romances, op. 6 de Piotr Ilitch Tchaïkovski, sur le poème de Heinrich Heine (1797 - 1856) : Warum sind denn die Rosen so blaß? traduit en russe par le poète Lev Mei (1822 - 1862).
L'oeuvre est interprétée ici par la grande soprano russe qui vient de disparaître, Galina Vichnevskaïa, accompagnée au piano par son mari Mstislav Rostropovitch.



La traduction française est de Gérard de Nerval.
Отчего побледнела весной
Пышноцветная роза сама?
Отчего под зеленой травой
Голубая фиалка нема?

Отчего так печально звучит
Песня птички, несясь в небеса?
Отчего над лугами висит
Погребальным покровом роса?

Отчего в небе солнце с утра
Холодно и темно, как зимой?
Отчего и земля вся сера
И угрюмей могилы самой?

Отчего я и сам все грустней
И болезненней день ото дня?
Отчего, о скажи мне скорей,
Ты – покинув – забыла меня?
Pourquoi les roses sont-elles si pâles, dis-moi, ma bien-aimée, pourquoi ?
Pourquoi dans les vert gazon les violettes sont-elles si attristées ?

Pourquoi l’alouette chante-t-elle d’une voix si mélancolique dans l’air ?
Pourquoi s’exhale-t-il du baume des jardins une odeur funéraire ?

Pourquoi le soleil éclaire-t-il les prairies d’une lueur si chagrine et si froide ?
Pourquoi toute la terre est-elle grise et morne comme une tombe ?

Pourquoi suis-je moi-même si malade et si triste, ma chère bien-aimée,
dis-le-moi ? Oh ! dis-moi, chère bien-aimée de mon cœur, pourquoi m’as-tu abandonné ?



  • Galina Vichnevskaïa - Wikipédia -
  • A écouter : l'hommage à Galina Vishnevskaya dans l'émission Horizons chimériques sur France Musiques
  • Galina Vishnevskaya fut également l'inoubliable interprète de Katerina Ismailova (Lady Macbeth de Mzensk), l'opéra de Dimitri Chostakovitch que nous avions présenté il y a quelques années déjà.

29 juin 2012

A les je tichý kolem kol : chanson de la semaine #98

A les je tichý kolem kol [La forêt est silencieuse alentour] est la 3ème mélodie du cycle des Cigánské melodie op. 55 [Chants tziganes] : sept poèmes en langue tchèque d'Adolf Heyduk (1835–1923), mis en musique par Antonín Dvořák (1841-1904).
Bernarda Fink, mezzo-soprano
Roger Vignoles, piano



A les je tichý kolem kol,
jen srdce mír ten ruší,
a černý kouř, jenž spěchá v dol,
mé slze v lících, mé slze suší.
Však nemusí jich usušit,
necht' v jiné tváře bije.
Kdo v smutku může zazpívat,
ten nezhynul, ten žije!
La forêt est silencieuse alentour,
seul mon cœur dérange cette paix
et la fumée noire qui s’épanche
sèche les larmes sur mes joues.
Mais ces larmes ne doivent pas sécher,
Elles doivent couler sur d’autres joues !
Car celui qui sait chanter sa douleur,
Ne périt pas, il vit !

Discographie :
Lieder = Mélodies pour voix seule et piano / Antonín Dvořák, comp. ; Bernarda Fin, MS ; Roger Vignoles, p.- Harmonia Mundi, 2004

21 juin 2012

Entre quatre murs : chanson de la semaine #97

Entre quatre murs [В четырёх стенах] est la première des six mélodies du cycle Sans soleil [Без солнца] composée par Modeste Moussorgski (1839-1881) sur les textes du poète Arseny Golenishchev-Kutuzov (1848–1913). Chant : Vladimir Chibisov.


В четырёх стенах

Комнатка тесная, тихая, милая;
Тень непроглядная, тень безответная;
Дума глубокая, песня унылая;
В бьющемся сердце надежда заветная;

Быстрый полёт за мгновеньем мгновения;
Взор неподвижный на счастье далекое;
Много сомнения, много терпения…
Вот она, ночь моя — ночь одинокая!
Entre quatre murs

Une chambre petite, calme et familière,
Une obscurité insondable, muette,
Des pensées profondes, une chanson triste,
Un espoir précieux dans un coeur qui bat,

Les moments passent et s'envolent rapidement,
Un regard immobile fixe un bonheur lointain,
Beaucoup de doutes, beaucoup de patience.
Telle est ma nuit, ma nuit de solitude .

23 janvier 2012

L'Absence: chanson de la semaine #83

L'Absence est la quatrième de six mélodies du cycle Les Nuits d'été (opus 7) composé par Hector Berlioz sur les poèmes de Théophile Gautier. La mélodie est interprétée ici par Régine Crespin (1927-2007), soprano dramatique.

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Absence

Reviens, reviens, ma bien-aimée !
Comme une fleur loin du soleil,
La fleur de ma vie est fermée
Loin de ton sourire vermeil.

Entre nos cœurs tant de distance !
Tant d’espace entre nos baisers !
Ô sort amer ! ô dure absence !
Ô grands désirs inapaisés !

D’ici là-bas, que de campagnes,
Que de villes et de hameaux,
Que de vallons et de montagnes,
À lasser le pied des chevaux !



Disponibles à la médiathèque de Dole :

Disques compacts

  • Les nuits d'été, Op. 7 / Hector Berlioz ; Théophile Gautier, aut. ; Véronique Gens, S ; Orchestre de l'Opéra National de Lyon ; Louis Langrée, dir. - Virgin Classics
  • Les nuits d'été, Op. 7 : 6 mélodies sur des poèmes de Théophile Gautier / Hector Berlioz ; Barbara Hendricks, S ; English Chamber Orchestra, orch. ; Sir Colin Davis, dir. - EMI Classics
  • Les nuits d'été : 6 mélodies opus 7 sur des textes de Théophile Gautier / Hector Berlioz. ; José van Dam, voix ; Orchestra della Svizzeria italiana de Lugano, orch. ; Serge Baudo, dir. - Forlane Classique
CD-ROM
  • Autour des Nuits d'été de Hector Berlioz [Cédérom] / Jean-Luc Idray, aut. ; Hyptique, conception et réal. ; Karine Deshayes, MS ; Virginie Pochon, S... [et al.] ; Iván Fischer, dir.. - Version PC/Mac. - [Paris] : Hyptique.net, 2003.

6 octobre 2011

À Chloris : chanson de la semaine #73

Poème de Théophile de Viau (1590-1626)
Musique de Reynaldo Hahn (1874-1947)
Interprétation : Marie-Nicole Lemieux




S'il est vrai, Chloris, que tu m'aimes,
Mais j'entends, que tu m'aimes bien,
Je ne crois point que les rois mêmes
Aient un bonheur pareil au mien.
Que la mort serait importune
De venir changer ma fortune
A la félicité des cieux!
Tout ce qu'on dit de l'ambroisie
Ne touche point ma fantaisie
Au prix des grâces de tes yeux.

(ill. Sandro BOTTICELLI Primavera (détail) c. 1482)

16 juin 2011

Paul Verlaine, un poète en chansons et en musique #13

« Verlaine, que de fois je l’ai vu passé devant ma porte, furieux, riant, jurant, frappant le sol d’un gros bâton d’infirme ou de vagabond menaçant. Comment imaginer que ce cheminot, parfois si brutal d’aspect et de parole, sordide à la fois inquiétant et inspirant la compassion, fut pourtant l’auteur des musiques poétiques les plus délicates, des mélodies verbales les plus neuves et les plus touchantes qu’il y ait dans notre langue. »
Paul Valéry, Variétés

Les multiples vies poétiques de Verlaine

Contre les épanchements du Romantisme, Verlaine fut d’abord avec ses premiers recueils Poèmes saturniens (1966) et Fêtes galantes (1967) un poète parnassien défenseur de l’Art pour l’Art, dans la lignée de Gautier, De Banville, Lecomte de l’Isle et Coppée. Avec La bonne chanson il développa un style d'inspiration hugolienne (1872), puis une sensibilité impressionniste avec Romances sans paroles (1874).
Sa conversion au catholicisme empreint de religiosité Sagesse (1881) , un recueil en partie écrit en prison.
Enfin, il se rapprochera dans ses derniers recueils Chansons pour elle (1891), Chair (1896) du lyrisme et du ton gaulois de Villon.
A la suite de Baudelaire, Verlaine sera considéré comme le précurseur et la figure de référence du mouvement symboliste (Villiers de L'Isle-Adam, Laforgue, Mallarmé, Maeterlinck, Moréas) et du mouvement décadent (Huysmans, Lorrain).
Ses différentes périodes stylistiques reflètent l’évolution du poète dans son passage de la jeunesse à la maturité : « Plusieurs […] regrettent que j’ai aussi renoncé à ces sujets « gracieux » de comédie italienne et bergerades contournées, oubliant que je n’ai plus vingt ans et que je ne jouis pas de l’éternelle jeunesse ». Toutefois ce parcours poétique se construit dans la continuité. Dans la préface de 1890 à la 2ème édition des Poèmes saturniens, Verlaine écrit : « Une sorte d’unité relie mes choses premières à celles de mon âge mûr. Les paysages tristes ne sont-ils pas en quelque sorte l’œuf de toute sorte de vers chanteurs, vagues ensembles et définis, dont je suis peut-être le premier en date l’oiselier? ».
Comme l'indiquent les titres des recueils La Bonne Chanson, Romances sans paroles, Ariettes oubliées, Chansons pour elle, l’un des vecteurs de l'unité poétique verlainienne est certainement la musique.
(mis à jour 15/01/2025)

2 juin 2011

Les ingénus : chanson de la semaine #60



Le poème de Paul Verlaine Les Ingénus appartient au recueil Fêtes galantes (1869), un cycle de 22 poèmes évoquant le XVIIIe siècle rococo tel que figuré par le peintre Antoine Watteau (1684-1721).
Claude Debussy a mis en musique quelques textes de ce recueil en deux cycles :
Fêtes galantes I (no. 1. En sourdine ; no. 2. Fantoches ; no. 3. Clair de lune) (1891)
Fêtes galantes II (no. 1. Les ingénus ; no. 2. Le faune ; no. 3. Colloque sentimental) (1904)
Interprétation : Maggie Teyte, soprano - Alfred Cortot, piano



Les ingénus

Les hauts talons luttaient avec les longues jupes,
En sorte que, selon le terrain et le vent,
Parfois luisaient des bas de jambes, trop souvent
Interceptés ! — et nous aimions ce jeu de dupes.

Parfois aussi le dard d’un insecte jaloux
Inquiétait le col des belles, sous les branches,
Et c’étaient des éclairs soudains de nuques blanches
Et ce régal comblait nos jeunes yeux de fous.

Le soir tombait, un soir équivoque d’automne :
Les belles, se pendant rêveuses à nos bras,
Dirent alors des mots si spécieux, tout bas,
Que notre âme depuis ce temps tremble et s’étonne.

Wikipédia : Paul Verlaine
Wikisource : Les fêtes galantes
Wikipédia : Claude Debussy

Illustration : Jean-Antoine Watteau, Récréation galante (1718-1720), Staatliche Museen, Berlin
http://www.deezer.com/listen-3288271

25 mai 2011

Alphonse de Lamartine : Poètes en musique #12

Comme un enfant bercé par un chant monotone,
Mon âme s'assoupit au murmure des eaux.
Le vallon


Il y a chez Alphonse de Lamartine, une discordance entre le poète et l'homme public. Il a 30 ans lorsqu'il publie les Méditations , un recueil de poèmes empreint de mélancolie, évoquant l'Isolement, le Souvenir, la Retraite, l'Automne, la fleur séchée, le Désespoir, etc. Une telle poésie de la douleur et du recueillement contraste avec le parcours de sa vie : Lamartine fut un homme plein de vigueur et d'énergie, amateur de chasse, il meurt à 79 ans, après avoir mené carrière dans la diplomatie en Italie, puis comme député, portant des convictions royalistes puis républicaines. Ministre des affaires étrangères pendant le gouvernement provisoire après la révolution de 1848, il essuiera la même année une défaite cuisante lors de sa candidature malheureuse à l'élection présidentielle qui amena au pouvoir le futur Napoléon III. Lamartine est, avec Victor Hugo, l'un des poètes les plus influents du Romantisme français, possédant une double ambition littéraire et politique. Il côtoya dans les salons, les compositeurs Sigismund Neukomm et Franz Liszt. Son oeuvre fut beaucoup mis en musique au XIXe siècle, notamment le Lac par Louis Niedermeyer (que vous avons présenté précédemment). Au XXe siècle, Georges Brassens fit une très belle adaptation en chanson de la Pensée des Morts.

14 mai 2011

Le lac : chanson de la semaine #57

On a essayé mille fois d'ajouter la mélodie plaintive de la musique au gémissement de ces strophes. On a réussi une seule fois : Niedermeyer a fait de cette ode une touchante traduction en notes. J'ai entendu chanter cette romance, et j'ai vu les larmes qu'elle faisait répandre.
Lamartine.


Le lac est un poème d'Alphonse de Lamartine constitué de seize quatrains appartenant au recueil des Méditations poétiques. L'ouvrage publié en 1820 est considéré comme le premier manifeste du Romantisme français.
Louis Niedermeyer compose une romance en mettant en musique Le lac. La partition imprimée en 1825 rencontre un très grand succès et sera l’une des mélodies les plus chantées dans les salons au cours du XIXe siècle.

Gustave Flaubert évoque l’œuvre dans Madame Bovary : Lors de l’épisode de la promenade en barque avec Léon, Emma chante un couplet du Lac : "Une fois, la lune parut ; alors ils ne manquèrent pas à faire des phrases, trouvant l'astre mélancolique et plein de poésie ; même elle se mit à chanter : Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions, etc. ."

Camille Saint-Saëns voit en cette romance l'un des actes de naissance de la mélodie française : "Niedermeyer a été surtout un précurseur en écrivant Le Lac ... il a créé un genre nouveau, d'un art supérieur, analogue au Lied allemand et le succès retentissant de cette oeuvre a frayé le chemin à Charles Gounod et à tous ceux qui l'ont suivi dans cette voie."
Le lac est interprété par le chanteur lyrique basse Just Nivette, un enregistrement datant de 1906 (Odéon Brun 60053)

Just Nivette - Le lac (Lamartine/Niedermeyer) - 1906


Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Sources et références
Études littéraires - Alphonse de Lamartine (1790-1869) : Méditations poétiques (1820)
http://www.etudes-litteraires.com/lamartine.php
Musica et Memoria - Louis Niedermeyer
http://www.musimem.com/niedermeyer.htm
Université de Rouen - Centre Flaubert - L’atelier Bovary : La musique
http://flaubert.univ-rouen.fr/bovary/atelier/noms_propres/musique.htm
Wikipédia : Alphonse de Lamartine - Louis Niedermeyer


Illustration : Jean-Baptiste Camille Corot Paysage près de Riva sur le lac de Garde (1835)

8 avril 2011

Paul Valéry : Poètes en musique #11

« La poésie est l’ambition d’un discours qui soit chargé de plus de sens et mêlé de plus de musique que le langage ordinaire n’en porte et n’en peut porter. »
Variété , 1921
Paul Valéry (1871-1945) est un écrivain, et philosophe dont la poésie s'inscrit dans le prolongement du mouvement symboliste, plus particulièrement dans l'héritage du projet mallarméen : " [...] « Que peut un homme ?». Dans la conception et la poursuite de cette recherche, musique, mystique et mathématiques ont constitué pour Valéry des expériences formatrices. Toutes les trois ont présidé, dans la dernière décennie du dix-neuvième siècle, à la genèse même de son Système. La musique, alors incarnée à ses yeux par le « dieu Richard Wagner», figure d'emblée l'art suprême [...] La grande affaire pour les poètes disciples de Mallarmé est de "reprendre à la musique [leur] bien", acte de défense autant que d'imitation par lequel ils cherchaient à définir une esthétique adéquate à leur désir : l'état poétique devait être calculé avec une exactitude quasi-scientifique."
Alain Buisine, Paul Valéry : Musique, Mystique, Mathématique (1993)

2 avril 2011

Louis Aragon, un poète en chansons et en musique #10

Cette espèce de douleur que j’ai, que je promène au plus profond de moi, parfois s’éteint, s’endort. On dirait que je ne sais quelle chanson la berce, la vainc, la surmonte. Une chanson pourtant oubliée mais qui se réveille. Une chanson de mon enfance. J’essaie d’en retrouver les mots, la musique. D’où vient-elle ?
La valse des adieux (1972)

Poète dadaïsme et surréaliste au côté d'André Breton, puis faisant carrière dans le journalisme et adhérant au Parti Communiste, Louis Aragon (1897-1982) s'engagea dans la lutte contre l'occupant nazi et fut avec Paul Éluard et René Char, l'un des chantres de la Résistance (L'Affiche rougeLa rose et le réséda). Si son oeuvre inspira les compositeurs de musique savante (PoulencAuricDuhamel), elle fut surtout portée, diffusée de manière retentissante par la chanson : on compte ainsi plus de cent interprètes d’Aragon. Parmi eux, on retiendra d'abord le remarquable travail de mise en chansons réalisé par Léo Ferré (L'affiche rougeEst-ce ainsi que les hommes vivent?L'étrangère) et par Jean Ferrat (Que serais-je sans toiAimer à perdre la raison), mais aussi les albums dédiés au poète par Marc Ogeret, Francesca Solleville, Monique Morelli, Hélène Martin, Catherine Sauvage, sans oublier Georges Brassens (Il n'y a pas d'amour heureux),  ... et beaucoup d'autres à réécouter ou à découvrir...
- mis à jour le 16/02/2025 -

25 mars 2011

Jean de La Fontaine : Poètes en musique #9

"Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme,
Et reprenez vos cent écus."
(Le savetier et le financier)
La Fontaine, fabuliste renommé mais librettiste malheureux
Comptant parmi les plus grands littérateurs de la langue française, Jean de La Fontaine (1621-1695) reste d'abord pour beaucoup le moraliste des fables animalières en vers. Depuis des décennies, les poèmes de La Fontaine sont appris par coeur par tous les enfants des écoles dès la maternelle. Mais La Fontaine fut aussi l'auteur de contes licencieux, de pièces de théâtre, et de livrets d'opéras. Il écrivit Daphné, un livret d'opéra pour Lully, mais celui-ci le refusa,lui préférant l'Alceste de Quinault. Pour se venger du musicien italien, La Fontaine écrira une satire Le Florentin. La Fontaine écrira le livret d'une tragédie en musique Astrée et Céladon d'après Honoré d'Urfé [adapté avec bonheur au cinéma par Eric Rohmer en 2006, une transposition pastorale d'Hélène et les Garçons -vidéo-] dont la musique sera signée par Pascal Collasse, mais sa représentation à l'Académie royale de musique, le 25 novembre 1691 ne sera pas un succès.
A la fin du XVIIIe siècle, Gluck, Grétry adapteront son œuvre au répertoire lyrique.
Au XIXe siècle, Gounod, Offenbach et Lecocq mettront ses fables en musique. La Fontaine inspirera Messager et à Poulenc des œuvres pour ballet.
Les compositeurs contemporains ont rendu hommage à la Fontaine, notamment Pierre Henry, Ida Gotkovsky, Guy Reibel, Jacques Lejeune et Suzanne Giraud.
Les fables furent également mises en musique et interprétées et adaptées en chanson par Charles Trenet, Charles Aznavour, Les Frères Jacques, Danielle Darrieux Pierre Perret, et pour le jeune public par Anny et Jean-Marc Versini, Chantal Goya et Dorothée.
(mise à jour 14/01/2025)

19 mars 2011

François Villon, un poète en chansons et en musique #8

La perfection de la poésie lyrique médiévale, et  la première œuvre lyrique moderne

François de Montcorbier, dit Villon, né en 1431, appelé aussi François des Loges, eut une vie aventureuse et un destin mystérieux (on perd sa trace après 1463). Poète et "malfaiteur" ayant eu affaire à la justice, empreint de ferveur religieuse mais pratiquant l'humour noir, l'argot des coquillards et la dérision, Villon est pleinement représentatif de l'esprit de son époque, celle d'un Moyen-Âge finissant. Pourtant son œuvre reste moderne et nous parle encore aujourd'hui, malgré le barrage de la langue, les poèmes étant écrits en moyen français.
"L’originalité de Villon et en particulier du Testament, nous dit M. Lavielle, professeur de littérature à l'Université Paris X, c’est que ce poète et cette œuvre sont l’achèvement, la perfection de la poésie lyrique médiévale, et d’un autre côté semble-t-il, la première œuvre lyrique moderne. Ni Verlaine, ni Apollinaire ne diraient le contraire, qui ont vu dans Villon, leur maître."
C'est certainement la raison pour laquelle François Villon compte parmi les poètes du Moyen-Âge les plus adaptés en musique et en chanson, singulièrement depuis le début du XXe siècle. Les compositeurs modernes et contemporains (Claude Debussy, Olivier Messiaen, Jehan Alain, Jean Françaix, Guy Reibel) ont mis en musique ses ballades et des rondels.
Kurt Weill et Bertolt Brecht se sont inspirés de l'épitaphe de Villon pour l'une des chansons de l'Opéra de quat' sous. A partir des années 1950, de nombreux auteurs-compositeurs-interprètes et chanteurs à texte ont porté les poèmes de Villon en chansons : Georges Brassens, Léo Ferré, Monique Morelli, Serge Reggiani, Hélène Martin.
Villon
inspira également de nombreux artistes russes, italiens, allemands, croates comme Boulat Okoudjava, Fabrizio de André, Peter Rohland, Arsen Dedić, ...

(mise à jour 13/01/2025)

11 mars 2011

Robert Desnos, un poète en chansons et en musique #7

Poète, mais aussi journaliste, rédacteur publicitaire et producteur radiophonique, Robert Desnos (1900-1945) fut l'un des piliers du mouvement surréaliste avec André BretonPaul Eluard, et Aragon. Amateur de jazz, de blues et de musiques latino-américaines, collectionneur de disques, il fut également chroniqueur musical et critique de cinéma.

Amoureux fou de la chanteuse de music-hall Yvonne George (1896-1930), un amour, semble-t-il non partagé, Robert Desnos fut aussi passionné par la voix. Il avait écrit, à partir de 1938,  des textes de chansons destinés à Fréhel (Rêveuse et fragile), Marianne Oswald (Papier buvard), et Margo Lion. Ces chansons seront mises en musique et interprétés après sa mort, par : Juliette Gréco (La fourmi), Yves Montand (La colombe de l'arche), Jacques Douai, JulietteMichel Arbatz...

Robert Desnos fut également mis en musique par les compositeurs modernes (Milhaud, Poulenc, Kosma, Wiener,  ..) et contemporains (DutilleuxLutoslawski, Reibel, Sacre, Canat de Chizy, ...)

Résistant, Robert Desnos fut arrêté en février 1944, il sera torturé par la Gestapo, avant d'être déporté en camp de concentration. Il y mourut du typhus, un mois après la libération en juin 1945.

En mai 1944, quelques mois après son arrestation, son recueil 30 chantefables pour les enfants sages, à chanter sur n’importe quel air est publié chez Gründ. Recueil dont est extrait la célèbre fourmi chantée par Juliette Gréco, sur une musique de Joseph Kosma. [livre à feuilleter sur le site de la BNF]

Louis Aragon lui a dédié le poème Robert le diable (1960), mis en musique et chanté par Jean Ferrat (1971). 

On peut entendre la voix de Desnos dans La clef des songes, une émission où il reprenait à l'antenne et mettait en ondes des récits de rêves envoyés par les auditeurs. 

Robert Desnos : La clef des songes (archive radiophonique, 1938)

Le disparu : chanson de la semaine #50

Le disparu : mélodie pour voix et piano composée par Francis Poulenc en 1946, sur le poème de Robert Desnos Couplets de la rue Saint-Martin écrit en 1942, par Pierre Bernac: bariton léger

Robert Desnos entre dans la Résistance en 1942. Arrêté en 1944, il est interné d'abord à la prison de Fresnes, puis à Compiègne, avant d'être déporté dans les camps de concentration en Allemagne, successivement à Buchenwald, à Flossenburg, et à Flöha. Il meurt le 8 juin 1945 au camp de concentration de Terezin en Tchécoslovaquie.



Couplets de la rue Saint-Martin

Je n'aime plus la rue Saint-Martin
Depuis qu'André Platard l'a quittée.
Je n'aime plus la rue Saint-Martin,
Je n'aime rien, pas même le vin.

Je n'aime plus la rue Saint-Martin
Depuis qu'André Platard l'a quittée.
C'est mon ami, c'est mon copain.
Nous partagions la chambre et le pain.
Je n'aime plus la rue Saint-Martin.

C'est mon ami, c'est mon copain.
Il a disparu un matin,
Ils l'ont emmené, on ne sait plus rien.
[...] (1942)

Francis Poulenc - wikipédia -
Robert Desnos - wikipédia -

5 mars 2011

Henri Michaux : Poètes en musique #6

« N'ai jamais marché pour aucun art européen avant 24 ou 25 ans, surtout pour la peinture. Exception : musique. Le seul art, le véritablement naturel, et qui me paraissait comme physiologique. Celui où j'ai gouté le plus d'œuvres, et sans bouder mon plaisir, et de tous pays, de tous genres, sauf l'opéra et l’opéra comique, et par lequel je ne me sens plus étranger, ou opposé aux autres hommes, comme il m'arrive presque toujours dans d'autres activités, et sur lequel j'ai le moins varié. La première chose que je fasse en voyage aux Indes ou au Mexique, c'est d'aller écouter leur musique. »
Henri Michaux, Lettre à René Berthelet, citée par Irène Assayag (1)

25 février 2011

Stéphane Mallarmé : Poètes en musique #5

Je pose, à mes risques esthétiquement, cette conclusion (si par quelque grâce, absente, toujours, d'un exposé, je vous amenai à la ratifier, ce serait pour moi l'honneur cherché ce soir): que la Musique et les Lettres sont la face alternative ici élargie vers l'obscur; scintillante là, avec certitude, d'un phénomène, le seul, je l'appelai l'Idée.
« La Musique et les Lettres »,
conférence donnée à Oxford, 1er mars 1894
- On a touché au vers.
La poésie de Stéphane Mallarmé (1842-1898) est hautaine, savante et hermétique jusqu'à l'abstraction.
Manifeste d'une nouvelle poétique, Crise de vers (1895) affirme une écriture de la rupture avec la représentation, la description et la narration : "Le remarquable est que, pour la première fois, au cours de l'histoire littéraire d'aucun peuple, concurremment aux grandes orgues générales et séculaires, où s'exalte, d'après un latent clavier, l'orthodoxie, quiconque avec son jeu et son ouïe individuels se peut composer un instrument, dès qu'il souffle, le frôle ou frappe avec science; en user à part et le dédier aussi à la Langue."
Cette révolution sur l'usage radical du langage trouva un puissant écho dans les avant-gardes plastiques et musicales du XXe siècle. De nombreux compositeurs modernes (Debussy, Ravel, Milhaud, Hindemith) et contemporains (Boulez, Amy, Ballif, Boucourechliev, Pesson) créèrent des pièces vocales à partir des textes de Mallarmé, ou s'inspirèrent de sa théorie poétique dans l'écriture d'oeuvres instrumentales. (mis à jour 14/01/2025)

Soupir : chanson de la semaine #48



Poème de Stéphane Mallarmé
Musique de Maurice Ravel
Chant : Dawn Upshaw
En 1913, Maurice Ravel composa un cycle de mélodies : Trois poèmes de Stéphane Mallarmé. Chaque pièce est dédiée à un compositeur : Soupir à Igor Stravinski, Placet futile à Florent Schmitt, Surgi de la croupe et du bond à Erik Satie.
La partition est écrite pour voix et ensemble (piccolo, flûte, clarinette, clarinette basse, quintette à cordes, et piano)
La même année 1913, Claude Debussy écrivait également une oeuvre intitulée Trois Poèmes de Stéphane Mallarmé pour chant et piano (Soupir ; Placet futile ; Éventail).



SOUPIR

Mon âme vers ton front où rêve, ô calme soeur,
Un automne jonché de taches de rousseur,
Et vers le ciel errant de ton oeil angélique,
Monte, comme dans un jardin mélancolique,
Fidèle, un blanc jet d'eau soupire vers l'Azur!
- Vers l'Azur attendri d'octobre pâle et pur
Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie,
Et laisse sur l'eau morte où la fauve agonie
Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon,
Se traîner le soleil jaune d'un long rayon.

Illustration : François Boucher Un automne pastoral (1749)