
En musique, on fait débuter la période baroque en 1600 (naissance de l'Opéra), et on la clôture en 1750, année de la mort de J.S. Bach.
La naissance de la musique baroque coïncide avec la création de l'opéra en Italie, à Florence. Il s'agit d' Euridice de Peri et Caccini. Le premier chef d'œuvre viendra avec l'« Orfeo : favola in musica » de Claudio Monteverdi à Mantoue en 1607. Au début du XVIIe siècle, l'Italie est le centre unanimement reconnu de la musique européenne. La musique prend le dessus sur le texte, au point que le livret n'est plus qu'un « prétexte » à l'expression musicale. Le chant prime sur tout. Tout pour le beau chant : le « bel canto », quitte d’ailleurs à fabriquer des castrats (Farinelli).

D'origine italienne, Lully a contribué à l'essor de l'opéra en France. Né à Florence, il arrive en France à l'âge de quatorze ans. Il entre au service de Louis XIV en 1653, comme danseur de ballet, il compose de la musique et occupe une place de violoniste dans un orchestre de la cour. Louis XIV jeune roi, désireux d'acquérir la totale maîtrise politique de son royaume, utilise la musique et la danse (les arts en général) pour accroître le rayonnement de son règne solaire. Lully sera l'un des principaux instruments de cette volonté centralisatrice.
La société du spectacle n'est pas née hier !

Lully modifie l'écriture de son nom, reniant l'orthographe italienne Lulli, afin de pouvoir passer, auprès du roi, pour le représentant de la musique française. Collaborant avec Molière, il écrit la partie musicale et chorégraphique de plusieurs comédies-ballets, notamment le Bourgeois gentilhomme (1670). Courtisan subtil, il saura conserver la faveur du souverain toute sa vie, n'hésitant pas à faire écarter sans scrupules, ses rivaux potentiels, comme Marc-Antoine Charpentier. Exerçant un véritable monopole sur la vie musicale en France, il se fait l'ordonnateur des fastes de la cour de Louis XIV. En 1672, ses intrigues lui permettent d'obtenir la direction et l'exploitation exclusive de l'Académie royale de musique.

Prenant pour modèle les tragédies classiques de ses contemporains tels que Pierre Corneille et Jean Racine, il se lance dans une série d'opéras intitulés tragédies en musique ou tragédies lyriques.
Une quinzaine environ dont : Cadmus et Hermione (1673), Alceste (1674), Atys (1676), Persée (1682), Amadis de Gaule (1684), Armide (1686) et Acis et Galatée (1686).
Ces partitions majestueuses et solennelles visent avant tout à mettre en valeur la prosodie de la langue française ainsi que des ballets très élaborés. Ces ballets trouvent leur origine dans les danses de cour. (Voir le film « Le roi danse » où Louis XIV se donne lui-même en spectacle à sa Cour).

Lully codifie les règles de l'opéra français, qui vont lui survivre pendant plus d'un siècle (jusqu'en 1760). Lully a écouté les grands acteurs de tragédie, pour étudier le rythme et la mélodie de la langue, et leur élocution dont il a pris modèle pour les airs et les récitatifs. La particularité de l'opéra français réside dans le fait d'être la réunion du chant, du théâtre tragique, de musique instrumentale et de danse.
Lully et Quinault, son librettiste fixent la forme générale de la tragédie lyrique :
Bibliographie
La France Clasique et l'Opéra... ou la vraisemblance merveilleuse / Catherine Kintzler. - Harmonia Mundi, 1998. - 1 livre + 2 CD. - (Passerelles)
Lully ou Le musicien du Soleil / Phlippe Beaussant. - Gallimard / théâtre des Champs Elysées, 1992
Filmographie
Opéra baroque : Charpentier, Lully, Quinault, Rameau / un film de Gérald Caillat ; Claire Alby ; avec la participation de William Christie, Marc Minkowsky, Jean-Claude Malgoire (52 min.) : coul. SECAM ; 1/2 pouce VHS. - (Les coulisses de l'opéra) (1993)
Résumé : M.A.Charpentier : Médée, répétitions en 1993, W.Christie, J.M.Villegier ; Lully et P.Quinault : Phaéton, répétitions en 1993, M.Minkowski,K.Saporta… J.P.Rameau : Les Indes galantes…
Le Bourgeois Gentihomme : comédie-ballet de Molière et Lully / un film de Martin Fraudreau ; Vincent Dumestre ; Benjamin Lazar ; Cécile Roussat ; Le Poème Harmonique. - Alpha, 2005. - 2 DVD vidéo + livret. -
Le double DVD ici présenté propose la captation intégrale du spectacle, réalisée au cours des trois représentations qui furent données au Festival Abeille Musique 2004 au Théâtre Le Trianon à Paris. Le spectacle ici filmé (coproduction Amiral LDA / Alpha Productions / ARTE) offre une vision encore différente et enrichie par la proximité visuelle du travail de Vincent Dumestre, Benjamin Lazar et Cécile Roussat.

Fresque cinématographique retraçant la jeunesse de Molière avec l'Illustre Théâtre, et ses amours avec Madeleine et Armande Béjart.


A quatorze ans, Louis XIV sait qu'il régnera un jour mais sait aussi que l'on fera tout pour l'empêcher de gouverner. Il en est complexé. Par la danse, ou le jeune roi excelle, et grâce à la musique qu'il compose pour lui, Lully le révèle à lui-même puis au monde. Louis devient le Roi-Soleil. Lully et Molière sont les grands ordonnateurs de la magie de son règne.

Atys / Lully ; Les Arts Florisants ; William Christie. - Harmonia Mundi, 1987. - 3 CD + 1 livret
Phaëton / Lully ; Les muciens du Louvre ; Marc Minkowski. - Erato, 1994. - 2 CD + 1 livret
Acis & Galatée / Lully ; Les Musiciens du Louvre ; Marc Minkowski. - Archiv Produktion, 1998. - 2 CD + 1 livret
Persée / Lully ; Les Talens Lyriques ; Christophe Rousset. - Astrée, 2001. - 3 CD + 1 livret
Bonjour !
RépondreSupprimerExcellente idée que ce carnet, qu'on lit avec plaisir.
Attention toutefois, on trouve quelques imprécisions dans cet article.
- On pouvait tout à fait trouver des sujets pas nécessairement mythologiques.
=> Des sujets liés à la littérature médiévale, et dès Lully (Roland, Amadis de Gaule, etc.).
=> A partir du Scanderberg de Rebel/Francoeur/La Motte, il est possible d'inclure des sujets historiques.
- Le Prologue a parfois une résonance avec la tragédie chez Lully, et à peu près systématiquement un lien étroit (exposition allégorique des enjeux) après la mort de Louis XIV.
- L'intérêt des danses est précisément d'intégrer leur artificialité à l'impératif dramatique. C'est ainsi que certains divertissements ont pu être déplacés ou même supprimés (l'exemple le plus célèbre étant celui du V de la Médée de Charpentier).
- L'unité de lieu n'existe pas du tout, bien au contraire, dans la tragédie lyrique, où l'on se déplace autant qu'on peut, et souvent sur les ailes de la magie !
Sinon, d'accord pour le jeu de miroir et d'opposition, les nuances entre tragédie lyrique et tragédie classique.
Bonne poursuite à vous !
Ah oui, j'oubliais, une petite coquile : le Grand Siècle (et vous parlez bien à propos de Lully) est le XVIIe. Oui, c'est le risque avec les touches du clavier, on saute très facilement d'un chiffre à l'autre, et c'est moins visible qu'avec les lettres !
RépondreSupprimerEt enfin, pour achever de pinailler, l'Euridice n'est que le premier opéra dont nous avons recueilli la partition intégrale, mais la Dafne du même Peri est en réalité le premier opéra joué.
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