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10 décembre 2011

Salomé : opera incipit #5

Salomé est un opéra composé par Richard Strauss, sur un livret en allemand d'Hedwig Lachmann, adapté de la pièce d'Oscar Wilde écrite en français. L'oeuvre fut créée à Dresde, au Königgliches Opernhaus, en 1905.
L'histoire de Salomé est tirée des Évangiles : Salomé, fille d'Hérodiade accepte de danser devant Hérode, son beau-père. En échange, le tétrarque de Galilée s'engage à exaucer le voeu qu'elle formulera. Sur les instances de sa mère, Salomé réclamera la mise à mort du prophète Jean-Baptiste, et la tête du prophète lui sera apporté sur un plateau.
Variante dans l'opéra de Strauss : Salomé s’éprend d'une passion folle pour Jochanaan (Jean-Baptiste) , et tente de le séduire, mais comme celui-là la repousse en la maudissant (ce n'est pas un Saint, pour rien :-)) Salomé demandera sa mort par dépit. Elle embrassera les lèvres de la tête coupée. Et devant l'horreur de la scène, Hérode ordonnera sa mise à mort. Fin du drame.

Suivant l'analyse de Marie Christine Vila : "Orientalisme, érotisme, personnage féminin monstrueux : le thème d'Hérodias et de Salomé a tout pour séduire les artistes du XIXe siècle." En effet, il inspira ainsi Mallarmé (Hérodiade), Flaubert (Hérodias), Gustave Moreau (Salomé dansant devant Hérode), Massenet (Hérodiade) et Oscar Wilde dont la pièce fut créée à Paris en 1896 avec Sarah Bernhardt.

Salomé est un opéra en un acte et quatre scènes, que l'on a qualifié de "poème symphonique avec voix" car c'est une oeuvre dense et compacte, mais requérant un orchestre de plus de cent musiciens pour son exécution.

Comme le souligne Bruno Peeters, "avec les quatre premières répliques de l'opéra, Strauss résume idéalement l'action et surtout la personne de Salomé. Tout y est : beauté, nuit, lune, femme, tombeau, danse, mort."

Siegfried Jerusalem (Herodes), Gwyneth Jones (Herodias), Deborah Voigt (Salome), Evgeny Nikitin (Jochanaan), John Tessier (Narraboth)... [et al.] ; Verbier Festival Orchestra ; Valery Gergiev, dir. - Salle des Combins, Verbier (Suisse), 2010

(Une grande terrasse dans le palais d’Hérode. Elle donne sur la salle de festin. Des soldats sont accoudés sur le balcon. A droite il y a un énorme escalier. A gauche, au fond, une ancienne citerne entourée d’un mur de bronze vert. Clair de lune.)

Narraboth
Wie schön ist die Prinzessin Salome heute Nacht!

Page
Sieh' die Mondscheibe,wie sie seltsam aussieht.
Wie eine Frau, die aufsteigt aus dem Grab.

Narraboth
Sie ist sehr seltsam.
Wie eine kleine Prinzessin, deren Füße weiße Tauben sind.
Man könnte meinen, sie tanzt.

Page
Wie eine Frau, die tot ist.
Sie gleitet langsam dahin.

Erster Soldat
Was für ein Aufruhr!
Was sind das für wilde Tiere, die da heulen?

Zweiter Soldat
Die Juden. Sie sind immer so.
Sie streiten über ihre Religion.

Erster Soldat
Ich finde es lächerlich,
über solche Dinge zu streiten.

Narraboth
Wie schön ist die Prinzessin Salome heute Abend!

Page
Du siehst sie immer an.
Du siehst sie zuviel an.
Es ist gefährlich,
Menschen auf diese Art anzusehn.
Schreckliches kann geschehn.
[...]
Narraboth
Comme la princesse Salomé est belle ce soir!

Page
Regardez la lune. La lune a l’air très étrange.
On dirait une femme qui sort d’un tombeau.

Narraboth
Elle a l’air très étrange. Elle ressemble a une princesse qui a des pieds comme des petites colombes blanches.
On dirait qu’elle danse.

Page
Elle est comme une femme morte.
Elle va très lentement.

Premier soldat
Quel vacarme!
Qui sont ces bêtes fauves qui hurlent?

Deuxième soldat
Les Juifs.
Ils sont toujours ainsi.
C’est sur leur religion qu’ils discutent.

Premier soldat
Je trouve que c’est ridicule de discuter sur de telles choses.

Narraboth
Comme la princesse Salomé est belle ce soir!

Page
Vous la regardez toujours.
Vous la regardez trop!
Il ne faut pas regarder les gens de cette façon .
Il peut arriver un malheur.
[...]


Version proposée à la médiathèque de Dole
Salomé : opéra en 1 acte / Richard Strauss, comp. ; d'après Oscar Wilde ; Hildegard Behrens, José Van Dam, Agnès Baltsa, chant ; Wiener Philharmoniker ; Herbert von Karajan, dir. - EMI Classics. - 2 disques compact + 1 livret

Sources
Marie Christine Vila, Quatre siècles d'opéra, Larousse, 2000
Bruno Peeters, Salomé, première d'entre toutes les femmes ?, ForumOpera.com
Salomé (opéra) - Wikipédia

12 novembre 2011

L'histoire du soldat : opera incipit #4

Opera incipit, une nouvelle série qui revisite les grandes oeuvres de l'opéra de l'âge baroque à nos jours en commençant par le début... du livret.

L'Histoire du Soldat pourrait être qualifié d'opéra de chambre, tant par sa distribution (3 rôles parlés : le narrateur, le Soldat, le Diable), que par sa formation musicale (7 instruments : clarinette, basson, cornet à pistons, trombone, violon, contrebasse, percussions). Igor Stravinski, réfugié en Suisse après la Révolution russe de 1917, a conçu "une espèce de petit théâtre ambulant" avec l'écrivain suisse Charles Ferdinand Ramuz qui signe le livret. La première de l'Histoire du Soldat fut donnée le 28 septembre 1918 au Théâtre de Lausanne, avec une mise en scène assurée par George et Ludmilla Pitoëff et une direction musicale de Ernest Ansermet. Le mélodrame en deux parties, destiné à être lu, joué et dansé, est d'inspiration faustienne, mais reprend également un conte populaire russe publié par Alexandre Afanassiev : "Le déserteur et le Diable". "La partition de Stravinsky révèle une disparité des genres musicaux aussi surprenante que celle des instruments eux-mêmes : marches militaires et fanfares, paso-doble, tango argentin, valse mécanique de boîte à musique, ragtime, choral" note Jean-Michel Vaccaro (Les voies de la création théâtrale, CNRS, 1978).
L'argument : Un soldat de retour au pays rencontre sur sa route le Diable qui lui propose d'échanger son violon contre un livre magique pouvant prodiguer toutes les richesses.




LE NARRATEUR
Entre Denges et Denezy,
Un soldat qui rentre chez lui...
Quinze jours de congé qu'il a,
Marche depuis longtemps déjà.
A marché, a beaucoup marché.
S’impatiente d’arriver,
Parce qu’il a beaucoup marché.
Voilà un joli endroit...
Si on se reposait un moment ?
Mais le fichu métier qu'on a !
Toujours en route, jamais le sou...
C'est ça ! Mes affaires sens dessus dessous !
Mon Saint-Joseph qui est perdu !
(C’est une médaille en argent doré
Avec saint Joseph, son patron, dessus)
Non, tant mieux !...
Va toujours fouillant,
sort des papiers avec des choses dedans,
des cartouches, sort un miroir,
(tout juste si on peut s'y voir)
mais le portrait, où est-ce qu'il est ?
(un portrait de sa bonne amie
qui lui a donné son portrait)
Il l'a retrouvé, il va plus profond,
il sort de son sac un petit violon.

LE SOLDAT
On voit que c'est du bon marché :
il faut tout le temps l'accorder...

(Le soldat se met à jouer : musique.
Entre le diable qui s'approche du soldat par derrière.)

LE DIABLE
Donnez-moi votre violon.

LE SOLDAT
Non !

LE DIABLE
Vendez-le-moi

LE SOLDAT
Non !

[...]

Version proposée à la médiathèque de Dole :

L'histoire du Soldat / Igor Stravinsky, comp. ; texte de Charles Ferdinand Ramuz ; Roger Planchon, récitant ; Patrice Chéreau, le soldat ; Antoine Vitez, le Diable ; Ensemble Intercontemporain ; Pierre Boulez, direction. - Erato : Warner Music, 1982-1992

29 octobre 2011

A kékszakállú herceg vára : opera incipit #3

Opera incipit, une nouvelle série qui revisite les grandes oeuvres de l'opéra de l'âge baroque à nos jours en commençant par le début... du livret.

Le Château de Barbe-Bleue
Béla Bartók composa Le Château de Barbe-Bleue, son unique opéra, en 1911, sur un livret de Béla Balázs, d'après le célèbre conte de Charles Perrault.
L'oeuvre fut créée à l'Opéra de Budapest en 1918.
L'action : Le drame en 1 acte met en scène deux personnages : Barbe-Bleue et sa nouvelle épouse Judith. L'intrigue est rythmée par l'ouverture successive de sept portes sur la demande de Judith.
Dans le prologue parlé, alors que le rideau se lève sur un décor froid et lugubre, le narrateur conseille à l'auditoire de regarder au-delà de l'apparence superficielle des choses.

Extrait vidéo : István Kovács (Barbe-Bleue) ; Klára Kolonits (Judith) ; Hungarian Radio Symphony Orchestra ; György Selmeci (chef d'orchestre) ; Sándor Silló (réalisateur) (2004)


(Hatalmas kerek gotikus csarnok. Balra meredek lépcsô vezet fel egy kis vasajtóhoz. A lépcsôtôl jobbra hét nagy ajtó van a falban; négy még szemben, kettô már egész jobboldalt. Különben sem ablak, se dísz. A csarnok üres, sötét, rideg, sziklabarlanghoz hasonlatos. Mikor a függöny szétválik, teljes sötetség van a szinpadon. Hirtelen kinyílik fent a kis vasajtó és a vakító fehér négyszögben megjelenik a kékszakállú és Judit fekete sziluettje.)

Kékszakállú
Megérkeztünk. – Ime lassad:
Ez a Kékszakállú vára.
Nem tündököl, mint atyádé.
Judit, jössz-e még utánam?

Judit
Megyek, megyek Kékszakállú.

Kékszakállú
(lejön néhány lépcsôt)
Nem hallod a vészharangot?
Anyád gyászba öltözködött,
Atyád éles kardot szíjjaz,
Testvérbátyád lovat nyergel.
Judit, jössz-e még utánam?

Judit
Megyek, megyek Kékszakállú.

(A kékszakállú lejön egészen és visszafordul Judit felé, aki a lépcsô közepén megállt. Az ajtón beesô fénykéve megvilágítja a lépcsôöt és kettôjük alakját.)

Kékzakállú
Megállsz Judit? Mennél vissza?

Judit
(mellre szorított kézzel)
Nem. A szoknyám akadt csak fel,
Felakadt szép selyem szoknyám
(Une grande salle ronde, de style gothique. À gauche, un escalier monte à une petite porte de fer. À droite de cet escalier, sept grandes portes closes, dont quatre face à la rampe et trois face à l’escalier. Point de fenêtres ni d’ornements. La salle ressemble à une caverne sombre, vide, taillée en plein roc. Au lever du rideau, la scène est plongée dans l’obscurité. Soudain, la petite porte s’ouvre et dans le rectangle de lumière, les silhouettes noires de Barbe-Bleue et de Judith apparaissent.)

Barbe-Bleue
Nous voici au but. Ce château de Barbe-Bleue est la demeure. Il fait plus clair chez ton père. Me suis-tu, Judith, ma femme ?

Judith
Je viens, je viens, Barbe-Bleue.

Barbe-Bleue
(descendant lentement les marches)
Le tocsin là-bas résonne, là,
Ta mère en deuil sanglote,
Ton vieux père a pris ses armes
Et ton frère monte en selle.
Me suis-tu, Judith, ma femme ?

Judith
Je viens, je viens, Barbe-Bleue.

(Barbe-Bleue est arrivé au bas et se tourne vers Judith, qui s’est arrêtée à mi-chemin. La lumière de la porte éclaire les deux personnages.)

Barbe-Bleue
Tu hésites ? Tu recules ?

Judith
(portant les deux mains à son cœur)
Non. Ma robe s’était prise,
Un clou l’avait accrochée


Version proposée à la médiathèque de Dole
Le Château de Barbe-Bleue [enr. sonore] = Bluebeard's castle / Béla Bartok, comp. ; livret de Béla Balázs ; d'après le conte de Charles Perrault ; Eva Marton, voix ; Samuel Ramey, voix ; Hungarian State Orchestra ; Adam Fischer, dir.. - CBS, 1988

Référence : http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Château_de_Barbe-Bleue

21 octobre 2011

Pelléas et Mélisande : opera incipit #2

Opera incipit, une nouvelle série qui revisite les grandes oeuvres de l'opéra de l'âge baroque à nos jours en commençant par le début... du livret.

Pelléas et Mélisande est une pièce de théâtre d'inspiration symboliste de l'écrivain belge Maurice Maeterlinck, créée le 13 mai 1893 au Théâtre des Bouffes-Parisiens.
La pièce fut mise en musique successivement par de grands compositeurs dont Gabriel Fauré (1898), Arnold Schönberg (1903), et Jean Sibelius (1905). Cependant, l'adaptation la plus célèbre et la plus ambitieuse de l’œuvre reste l'opéra de Claude Debussy sur un livret écrit par Maeterlinck lui-même. La première fut donnée à l'Opéra-Comique le 30 avril 1902. L’œuvre finit par faire un triomphe, malgré des premières représentations très houleuses. Debussy dut faire face au départ à l'incompréhension, aux sarcasmes et aux critiques, dont un pamphlet intitulé Pédéraste et Médisante.

L'action : Golaud, un prince veuf et déjà grisonnant, vit dans un château sombre et triste où rôdent la maladie et la mort. Il est le dauphin d'un royaume où règne encore son grand-père, le vieux roi Arkel. Lors d’une chasse, Golaud rencontre une jeune fille pleurant auprès d’un lac. Elle s’appelle Mélisande. Golaud lui propose de venir habiter au château familial et l’épouse. Mais Pelléas, le frère de Golaud, s'éprend de Mélisande. Les deux jeunes gens se retrouvent en secret, Golaud les surprend et devient fou de jalousie...


George London, Victoria de los Angeles, Orchestra of the Metropolitan Opera House, Jean Morel
Scène 1. Une Forêt
(Entre Golaud.)

GOLAUD
Je ne pourrai plus sortir de cette forêt. Dieu sait jusqu'où cette bête m'a mené.
Je croyais cependant l'avoir blessée à mort; et voici des traces de sang.
Mais maintenant, je l'ai perdue de vue, je crois que je me suis perdu moi-même, et mes chiens ne me retrouvent plus. Je vais revenir sur mes pas. J'entends pleurer… Oh! oh! qu'y a-t-il là au bord de l'eau? Une petite fille qui pleure au bord de l'eau? Elle ne m'entend pas. Je ne vois pas son visage. Pourquoi pleures-tu? N'ayez pas peur vous n'avez rien à craindre. Pourquoi pleurez-vous, ici, toute seule?

MÉLISANDE
Ne me touchez pas! ne me touchez pas!

GOLAUD
N'ayez pas peur… Je ne vous ferai pas… Oh! vous êtes belle.

MÉLISANDE
Ne me touchez pas! ne me touchez pas, ou je me jette à l'eau!

GOLAUD
Je ne vous touche pas… Voyez, je resterai ici, contre l'arbre.
N'ayez pas peur. Quelqu'un vous a-t-il fait du mal?

MÉLISANDE
Oh! oui! oui! oui!

GOLAUD
Qui est-ce qui vous a fait du mal?

MÉLISANDE
Tous! tous!

GOLAUD
Quel mal vous a-t-on fait?
MÉLISANDE
Je ne veux pas le dire! je ne peux pas le dire!
[...]

Références 
Pelléas et Mélisande [film] : drame lyrique en cinq actes et douze tableaux / Claude Debussy, comp. ; sur un livret de Maurice Maeterlinck ; Peter Stein, metteur en scène ; ; Alison Hagley, Neill Archer, Donald Maxwell [et all...] ; Orchestra and CHorus of Welsh National Opera ; Pierre Boulez, dir. - Universal Music Company, 1993. - 2 DVD vidéo (158 min.)

Pelléas et Mélisande [enr. sonore] : drame lyrique en cinq actes et douze tableaux / Claude Debussy ; drame de Maurice Maeterlinck ; Jacques Jansen, Micheline Grancher, Solange Michel...[et al.], voix ; Choeur de la Radio Télévision Française ; Orchestre National ; D. E. Inghelbrecht, dir. - EMI Classics. - 3 disques compacts

Pelléas et Mélisande [enr. sonore] : drame lyrique en cinq actes / Claude Debussy ; d'après Maurice Maeterlinck ; Elisabeth Söderström, George Shirley, Donald McIntyre...[et al.], voix ; Royal Opera Chorus, choeur ; Orchestra of the Royal Opera House Covent Garden, orch. ; Pierre Boulez, dir. - Sony Classical, 1970-1991. - 3 disques compacts

Pelléas et Mélisande [enr. sonore] : opéra en 5 actes / Claude Debussy ; livret de Maurice Maeterlinck ; d'après Maurice Maeterlinck ; Mireille Delunsch, Gérard Théruel, Armand Arapian... [et al.], chant ; Choeur régional Nord-Pas-de-Calais ; Orchestre national de Lille-région Nord-Pas de Calais ; Jean-Claude Casadesus, dir. - Naxos, 1996. - 3 disques compacts

15 octobre 2011

Wozzeck : opera incipit #1

INCIPIT (in-si-pit') s. m. : Terme de paléographie.
Se dit des premiers mots par lesquels commence un manuscrit.
Étymologie : Lat. incipit, il commence, de in (voy. IN.... 2), et capere, prendre. (Littré)

Opera incipit, une nouvelle série pour revisiter les grandes oeuvres de l'opéra de l'âge baroque à nos jours en commençant par le début... du livret.

En 1837, Georg Büchner avait écrit une pièce de théâtre Woyzeck inspirée d'un fait divers, l'histoire de Johann Christian Woyzeck, un ancien soldat, coiffeur et fabricant de perruque qui assassina sa compagne. Le cinéaste Werner Herzog en tourna une adaptation en 1979 avec dans le rôle titre, l'acteur Klaus Kinski :

Alban Berg composa, d'après la même pièce de Georg Büchner, un opéra de trois actes Wozzeck qui fut créé au Staatsoper de Berlin en 1925, avant d'être interdit par le régime nazi : Franz Wozzeck, ancien soldat, sujet à des hallucinations, car ayant servit de cobaye à des expérimentations médicales, découvre l'infidélité de sa compagne...

Langsam, Wozzeck, langsam!


ERSTER AKT
1. Szene ("Der Hauptmann")
Zimmer des Hauptmanns. Frühmorgens.
Der Hauptmann sitzt auf einem Stuhl vor einem Spiegel. Wozzeck rasiert ihn.HAUPTMANN
Langsam, Wozzeck, langsam! Eins nach dem Andern! Er macht mir ganz schwindlich.
(Er bedeckt Stirn und Augen mit der Hand. Wozzeck unterbricht seine Arbeit. Der Hauptmann, wieder beruhigt)
Was soll ich denn mit den zehn Minuten anfangen, die Er heut’ zu früh fertig wird? Wozzeck, bedenk’ Er, Er hat noch seine schönen dreißig Jahr’ zu leben! Dreißig Jahre: macht dreihundert und sechzig Monate und erst wieviel Tage, Stunden, Minuten! Was will Er denn mit der ungeheuren Zeit all’ anfangen? Teil’ Er sich ein, Wozzeck!
WOZZECK
Jawohl, Herr Hauptmann!
HAUPTMANN
Es wird mir ganz angst um die Welt, wenn ich an die Ewigkeit denk’. „Ewig’, das ist ewig! Das sieht Er ein. Nun ist es aber wieder nicht ewig, sondern ein Augenblick, ja, ein Augenblick! – Wozzeck, es schaudert mich, wenn ich denke, daß sich die Welt in einem Tag herumdreht: drum kann ich auch kein Mühlrad mehr sehn, oder ich werde melancholisch!
WOZZECK
Jawohl, Herr Hauptmann!
HAUPTMANN
Wozzeck, Er sieht immer so verhetzt aus! Ein guter Mensch tut das nicht. Ein guter Mensch, der sein gutes Gewissen hat, tut alles langsam… Red’ Er doch was, Wozzeck. Was ist heut’ für ein Wetter?
WOZZECK
Sehr schlimm, Herr Hauptmann! Wind!
[...]
PREMIER ACTE
Scène 1 (« Le Capitaine »)
Le chambre du capitaine. Tôt le matin
Le capitaine est assis sur une chaise devant un miroir. Wozzeck est en train de le raser.

CAPITAINE
Lentement, Wozzeck, lentement ! Une chose après l’autre ! Vous me donnez le vertige, vraiment !
(II se passe la main sur le front et les yeux. Wozzeck interrompt son travail. Le capitaine de nouveau calmé.)
Que vais-je donc faire des dix minutes que vous m’ajoutez si vous terminez trop tôt aujourd’hui ? Pensez-y, Wozzeck, vous avez bien encore trente ans à vivre! Trente ans, cela fait trois cent soixante mois, et combien donc de jours, d’heures, de minutes ! Qu’allez-vous donc faire de cette montagne de temps ? Organisez-vous, Wozzeck !
WOZZECK
Oui, mon capitaine !
CAPITAINE
J’ai vraiment peur pour le monde, lorsque je pense à l’éternité. « Éternel ! », c’est éternel ! Vous êtes bien d’accord. Mais on peut aussi dire que ce n’est pas éternel, mais un instant, oui, un instant ! – Wozzeck, je frémis d’horreur, quand je pense que le monde tourne entièrement sur lui-même en un jour : c’est pourquoi je ne peux plus voir la roue d’un moulin, sans quoi je deviens mélancolique !
WOZZECK
Oui, mon capitaine !
CAPITAINE
Wozzeck, vous avez toujours l’air si harcelé ! Un honnête homme n’est pas comme ça. Un honnête homme, qui a une bonne conscience, fait tout posément… Dites donc quelque chose, Wozzeck. Quel temps fait-il aujourd’hui ?
WOZZECK
Très mauvais, mon capitaine ! Du vent !
[...]


Discographie :

Wozzeck [enr. sonore] / Alban Berg, comp. ; Mack Harrell, Eilen Farrell, Joseph Mordino,... [et al.], voix ; High School of Music and Art Chorus and Chorus of the Schola Cantorum, ens. instr. et voc. ; New York Philharmonic, orch. ; Dimitri Mitropoulos, dir. - Sony Classical, 1951-1997

Wozzeck [enr. sonore] / Alan Berg, comp. ; Walter Berry, voix ; Isabel Strauss, voix ; Fritz Uhl, voix ; Carl Doench, voix ; Orchestre et Choeur de l'Opéra de Paris ; Pierre Boulez, dir. - CBS, 1966-1971

Wozzeck [enr. sonore] / Alan Berg ; Bo Skovhus, Jan Blinkhof, Jürgen Sacher, voix. ; Chor der Hamburgischen, choeur ; Philharmonisches Staatsorchester Hamburg, ens. instr. ; Ingo Metzmacher, dir. - EMI Classics, 1998